A l'occasion des 30 ans de la mort de Serge Gainsbourg, le duo d'artistes Mr Cute lui rend hommage dans la rue.
"Sans lieu d’exposition, nous sommes obligés de venir à vous dans la rue"
Armés de bombes aérosol et de pochoirs, les deux frères réalisent le portrait de l’icône des années 80 à Paris 14è, à l’angle de la rue Vercingétorix et de la rue de Gergovie.
La galerie One Toutou (à retrouver au stand 122).organisent une exposition gratuite pour rendre hommage à l’artiste disparu. "Gainsbourg et caetera", qui rassemble notamment des oeuvres de street art représentant Serge Gainsbourg, est à découvrir gratuitement, au Marché Dauphine.
L'expostion reprendra après le confinement.
La galerie One Toutou a fait appel à plus d'une trentaine d'artistes (dont Jo Di Bona et Mr Cute), pratiquant diverses disciplines (peinture, pochoir, illustration, dessin, photographie...), pour célébrer la mémoire de Serge Gainsbourg. Ils exposent des oeuvres dans lesquelles ils expriment leur vision du personnage qu'était l'icône des années 80.
A voir, notamment, des portraits, abstraits ou très réalistes, au travers desquels, les artistes d'aujourd'hui retranscrivent un univers, une époque, une ambiance...
Le photographe Pierre Terrasson, qui a immortalisé la scène rock pendant les années 80, partage des clichés de l'interprète de "Aux armes et caetera". Certains mythiques, d'autres plus personnels. Des photos réinterprétées par YARPS en version street art.
Et, pendant toute la durée de l'exposition "Gainsbourg, et caetera...", chaque week-end, des performances live seront réalisées par les artistes dont les oeuvres sont exposées. Des auteurs de livres consacrés à Serge Gainsbourg, seront également présents pour des séances de dédicaces.
Dernière mise à jour : 16 nov. 2021
En 1989, une affiche fait sensation dans les rues new-yorkaises en mettant en avant l’inégalité entre les artistes masculins et féminins. Le message est clair : « Faut-il que les femmes soient nues pour entrer au Metropolitan Museum ? Moins de 5% des artistes de la section d’art moderne sont des femmes, mais 85% des nus sont féminins ».
Cette prise de conscience, c’est l’œuvre des Guerilla Girls, groupe militant pour le féminisme et contre le racisme.
Aujourd’hui, les pourcentages n’ont pas beaucoup évolué. Au Louvre, sur les 4 463 artistes permanents, moins de 7% sont des femmes (source Slate.fr, juin 2020).
Heureusement, de nombreuses initiatives voient le jour pour accorder aux femmes la place qu’elles méritent dans le monde de l’art.
Partez à la rencontre de quelques-unes de ces créatrices qui, par leurs œuvres, contribuent à changer le monde, et pas seulement celui de l’art !
Où sont les femmes ?
Les choses changent. Les mentalités évoluent. Les femmes s’émancipent et se battent depuis longtemps pour obtenir une égalité qui leur est normalement due.
Mais il n’est pas si loin le temps où le monde de la création restait inaccessible à la gent féminine ! En effet, à une certaine époque, seuls les hommes pouvaient profiter des formations artistiques qui voyaient le jour.
Se souvient-on d’artistes féminines pendant la Renaissance ? Non. Et pour cause ! La femme était avant tout une mère et une épouse. Certes, ces rôles avaient leur importance pour l’équilibre familial et le bon fonctionnement de la société. Mais que devenait la femme taraudée par l’envie de s’exprimer ?
Avant que la société lui laisse plus de place pour s’exprimer en tant qu’artiste, la femme était une inspiration, un modèle, un sujet. Parfois même une muse !
Pour résumer : la femme était l’objet, l’homme était le créateur.
L’image de la femme dans l’art
Des Vénus préhistoriques aux déesses égyptiennes, de l’art grec à l’art byzantin, la femme est présente partout depuis que l’homme sait révéler son talent.
À partir de la Renaissance, c’est le corps de la femme qui est mis en avant, de manière totalement idéalisé.
Au fil des siècles, la silhouette féminine reste le thème principal mais elle s’arrondit. Les formes deviennent plus voluptueuses, pas toujours réalistes mais fantasmées par l’homme.
Arrive alors le XXème siècle, et avec lui Frida Kahlo. Cette peintre mexicaine devient l’icône d’une nouvelle génération d'artistes en réalisant ses auto-portraits. La femme devient enfin maîtresse de sa propre représentation. Elle contrôle son image.
Un mouvement féministe commence à prendre de l’ampleur, dont Niki de Saint-Phalle est une figure de proue avec ses « Nanas » aux formes généreuses et aux postures dansantes.
Depuis, dans l’art contemporain, l’image de la femme n’a de cesse d’être désacralisée. En phase avec l’époque et la réalité, les œuvres ne cherchent plus systématiquement à idéaliser la mère ou à fantasmer l’amante.
Est-ce dû à l’émergence des artistes féminines fortes et libres, au fil de toutes ces années ? Ou à l’évolution lente mais constante des mentalités ? Sans doute un peu des 2…
Entre colère et engagement
Niki de Saint-Phalle fait partie de ces artistes qui participent activement au changement du regard porté sur la femme. Elle lutte avec son talent contre l’injustice que subit la gent féminine. Au début des années 60, elle l’exprime au travers de sa série des « Tirs » : l’artiste tire à la carabine sur des poches de peinture fixées sur des toiles. Ces tableaux sont comme une catharsis, une libération ! Les mises en scène sont de plus en plus impressionnantes et font l’objet d’événements culturels.
Seule femme du groupe des Nouveaux Réalistes, son travail s’adoucit au fil du temps en même temps que Niki s’épanouit dans sa vie d’artiste. Il aboutit à la célébration de la femme moderne avec sa série des « Nanas ».
En 1977, l’artiste Orlan secoue le monde de l’art en faisant entrer de force l’une de ses œuvres au Grand Palais de Paris. Le baiser de l’artiste, tel est le nom de cette sculpture de 2 mètres de long qui symbolise un stéréotype que Orlan veut dénoncer. D’un côté la femme sainte, de l’autre la prostituée. Les réactions sont unanimes : c’est un scandale ! Orlan en perd son emploi mais fait mouche ! 30 ans plus tard, son œuvre est à nouveau exposée au même endroit, mais cette fois avec les honneurs !
Photographies de magazines ou de publicités détournées, marquées par des slogans percutants et parfois agressifs… Le talent de Barbara Kruger est reconnu depuis les années 80. Elle prend pour cible la société de consommation, tout en défendant les minorités. Si elle refuse l'étiquette d’artiste politique, elle reconnaît lutter « contre les certitudes établies telles que j’ai raison et toi t’as tort, OK ? ».
Femmes libérées
Dans le milieu du street art, Miss Tic réussit à laisser son empreinte dans un monde jusqu’alors très masculin. Avec ses bombes de peinture, elle couvre les murs de Montmartre, du Marais ou de Ménilmontant d’images de femmes sûres d’elle, libres et affirmées ! Son pseudo en référence à la petite sorcière du Journal de Mickey devient vite la signature d’œuvres dans lesquelles la femme n’est plus une marchandise. Miss Tic joue avec les mots et transforme des phrases toutes faites en messages percutants.
Une illustration ? « Je joue oui » !
Si elle est arrêtée en 1997 en raison de ses bombages, alors symbole d’une délinquance grandissante, son art est ensuite reconnu et exposé dans les années 2000 dans de nombreuses galeries.
Lady Aiko compte aussi parmi les artistes de rue, tout comme Miss Tic, mais avec son style bien particulier. Sans revendication d’aucune sorte, ses œuvres mettent souvent sur le devant de la scène des femmes puissantes, indépendantes et glamours. D’origine japonaise, sa culture a une place prépondérante dans son travail. Dans son art, l’amour et la beauté n’occultent en rien les difficultés rencontrées au quotidien par les femmes.
Érotisme, féminisme… la touche de Aiko Nakagawa est facilement reconnaissable !
Nostalgie contemporaine
À partir d’images existantes, Sara Cwynar s’amuse avec tout ce qui est considéré comme kitsch. Née dans les années 80, cette jeune artiste travaille sur le pouvoir des images. Par la technique du collage et de la superposition de ces images ou de photographies, elle invite à réfléchir sur la consommation et l’impact du visuel dans notre société.
Avec d’autres techniques, Sondra Perry s’interroge sur la notion de race, sur l’histoire afro-américaine en général et l’identité des femmes noires en particulier. Issue elle aussi de la génération Y, elle utilise la photographie et la vidéo pour faire passer ses messages avec cet art africain en plein essor. En 2018, lors de sa première exposition européenne, elle associe le son à des images numériques dans son œuvre submersive Typhoon Coming On, sur l’abolition de l’esclavage.
Dans l’art, comme dans tous les domaines, la femme a du faire preuve de détermination, de ténacité et de courage pour prouver qu’elle avait sa place.
C’est encore le cas aujourd’hui, même si le monde semble évoluer dans le bon sens.
Si le chemin est encore long, de nombreuses artistes émergentes suivent la voie tracée par d’autres depuis maintenant plusieurs années.
Mais peut-être que la victoire sera totale dès lors que l’on ne fera plus la différence entre les « artistes » et les «artistes féminines » ?