(James Rainimaharosoa - Portrait d’un Guerrier Malgache)
L’Afrique. 30 415 873 km2 de terres pleines de mystère et de contes non-dits. Du désert du Kalahari au sommet enneigé du mont Kilimandjaro, ce continent n’est jamais à court de surprises. Pour les 1,3 milliard de résidents, il n’y a pas une Afrique mais des Afriques. Au-travers des yeux de ceux qui l’habitent, le continent originel dévoile un camaïeu de visages.
Quand le griot Salif Keita raconte la genèse des mausolées de Tombouctou, les combats dantesques du roi Mansa Musa se dessinent dans la brume.
Sous les coups de crayons de James Rainimaharosoa, le Tsingy Rouge devient un site naturel hors du temps.
Et que dire des œuvres de Nelson Makamo, le peintre Sud-Africain qui illumine les visages des enfants des ghettos de Soweto ?
Le peintre Paul Cézanne a très justement dit :
une œuvre d’art qui n’a pas commencé dans l’émotion n’est pas de l’art
Il suffit de poser un regard, même furtif, sur une œuvre d’art contemporaine africaine, pour ressentir la chaleur qui émane du continent. Grâce à cette passion débordante, les créateurs modernes Africains sont désormais sur le devant de la scène. Peut-être est-il temps d’enfin leur redonner leurs lettres de noblesse…
Qu’est-ce que l’art contemporain africain ?
Entre traditions millénaires et appétence pour la modernité, les Africains ne cessent de redéfinir leurs identités. Forcément, cela se ressent dans leur vision du monde et dans leurs créations artistiques.
L’art contemporain africain est un courant qui emprunte le meilleur des deux mondes. Ainsi, il est possible de trouver des sculptures où le bogolan côtoie allègrement les fils d’acier. Ou alors, des tableaux 3D où des fragments de coton racontent à des tiges d’acier les actes posés par les anciens négriers.
L’art contemporain africain est un conte séculaire remis au goût du jour. C’est un moyen d’expression que les jeunes créateurs utilisent pour parler de leurs Afriques. Car oui, désormais, il n’est plus systématiquement de défendre une idéologie omnisciente.
Au début des années 1980-1990, alors que les pays africains accèdent peu à peu à l’indépendance, les artistes osent affirmer leur individualité. Il n’est plus seulement question de relater des contes d’antan mais d’oser se positionner en tant qu’individu.
C’est là la grande différence d’avec l’art moderne africain. Alors que l’artiste contemporain partage son point de vue, celui estampillé "moderne" maniait le fusain pour défendre une idéologie (panafricanisme, négritude, etc.).
Regardez les œuvres d’art de dix artistes africains contemporains issus de la même localité et vous verrez dix facettes différentes de l’Afrique. De l’avis des experts, aujourd’hui, ce courant artistique compte parmi les plus prolifiques au monde. À chaque fois, c’est une invitation dans le quotidien d’une nouvelle personne, dans l’esprit d’un des 7,7 milliards d’êtres humains vivant sur Terre.
À quand remonte l’art contemporain africain ?
En 1960, la bourgade nigérienne d’Ibadan accueille un nouveau centre consacré à l’art africain. Baptisé Mbari Club, il deviendra rapidement l’épicentre de l’art contemporain africain. En son sein, chaque jour, des peintres, des musiciens et des écrivains se réunissent pour apprendre les uns des autres.
Pour beaucoup d’érudits, le Mbari Club marqua le début de l’ère contemporaine africaine.
Quelques années plus tard, en 1988, le peintre Africain Fathi Hassan expose à la XXIIIe édition des biennales de Venise. Au-travers de ses toiles, l’esprit libre laisse transparaître l’impact de ses origines égyptiennes et soudanaises sur sa perception du monde. Il ne faut que quelques secondes pour que son travail séduise la foule présente et fasse le tour du monde.
L’année d’après, le centre Pompidou accueille l’exposition Magiciens de la Terre, une balade romantique au cœur des univers oniriques de grands peintres africains contemporains. Vingt-cinq ans plus tard, la galerie accueillera les toiles de trois élèves de l’école d’art poto-poto de Brazzaville. Le message est clair : l’art africain est désormais un acteur clé de la scène culturelle.
En Afrique aussi, les initiatives se multiplient pour que les voix des créateurs aient enfin la possibilité de s’exprimer. La biennale de Dakar, les Rencontres de la photographie de Bamako, la biennale de Marrakech, … Les esprits novateurs du continent sont invités à laisser parler leurs cœurs.
Sans surprise, l’art contemporain Africain éclos. Entre le développement des infrastructures et le support de généreux mécènes, l’art devient un mode de vie à part entière. Au fil du temps, une scène artistique se crée et de cette dernière, émerge des artistes contemporains africains d’un talent exceptionnel.
Qui sont les artistes contemporains Africains à suivre absolument ?
Pour les férus d’art, il est humainement impossible de rester de glace face au travail abattu par les artistes Africains qui suivent.
C’est simple. Leurs sculptures sont si poignantes que l’on s’attend à ce qu’elles prennent vie… Leurs tableaux sont si émouvants qu’ils chuchotent aux oreilles de leurs audiences des secrets oubliés depuis fort longtemps… Tels des marionnettistes aguerris, ces artistes africains sont les maîtres d’orchestre d’un ballet émotionnel qu’ils sont les seuls à maîtriser.
Auriez-vous le courage de regarder l’une de leurs œuvres ? Attention… Il est fort possible que cette dernière ne quitte plus jamais vos pensées après cette première rencontre…
1) Romuald Hazoumé du Bénin
De prime abord, les masques conçus par le sculpteur ne semblent pas sortir du lot. Ils ressemblent comme deux gouttes d’eau à des masques Yoruba traditionnels. Les yeux creux, la bouche pointant vers l’avant, … Rien ne les distingue de l’artisanat traditionnel de ce peuple légendaire.
Et puis… L’esthète s’approche un peu plus.
À sa grande surprise, les œuvres de Romuald Hazoumé ne sont pas taillées dans le bois. Non. Il s’agit d’anciens bidons en plastique qui ont été récupérés puis transformés par l’artiste. C’est là toute la force du Béninois Romuald Hazoumé. Utiliser des composés modernes pour créer des œuvres d’art qui sentent bon les contes d’antan.
2) Omar Victor Diop du Sénégal
C’est dans la cité cosmopolite de Dakar qu’Omar Victor Diop s’amourache de la photographie. Titulaire d’un Master délivré par l’École Supérieure de Paris, il décide malgré tout de quitter son job à l’American British Tobacco pour vivre de sa passion.
Ce qui semblait être un pari fou se transformera très rapidement en success story.
Ses premières expositions, "le futur du beau" et "studio des vanités", rencontrent un franc succès. Par la suite, il redonnera vie à des figures de l’histoire africaines en les affublant d’un ballon de football. Un peu comme le tableau pop art Mrs Kennedy, il s’amuse à créer des paradoxes temporels. Et si Mahecor Diouf, roi du Sine, avait été une légende du ballon rond ? Qui sait ce qui se serait passé…
3) Kudzanai-Violet Hwami du Zimbabwe
Kudzanai-Violet est une peintre qui n’a pas peur de jouer avec les couleurs. Amoureuse des teintes vives, elle s’amuse à créer un univers futuriste et onirique. Attention cependant… Derrière cette explosion de couleurs, se cachent des interrogations poignantes.
Ayant vécu l’expérience d’être une expatriée, Kudzanai-Violet n’a pas peur d’évoquer les questions migratoires. Au-travers de ses toiles, elle évoque sa propre histoire, celle de la diaspora et surtout la préservation de son identité lors des mouvements migratoires.
Des tableaux poignants qui prennent aux tripes tous ceux qui s’en approchent…
4) Hassan Hajjaj du Maroc
Certains disent d’elle qu’elle est l’Andy Warhol de la royauté marocaine. Très inspirée par le pop art, la jeune Marocaine a très vite acquis une réputation internationale. Certaines de ses toiles ne sont pas sans rappeler les sérigraphies pop art de David Bowie, un subtil mélange de classique et de mouvement avant-gardiste.
5) Nelson Makamo d’Afrique du Sud
Impossible de clore cette liste sans évoquer l’artiste Sud-Africain. Face à ses œuvres, Barack Obama, Oprah Winfrey et Giorgio Armani restent bouche bée.
Originaire de Limpopo, une ville située au Nord-Est de l’Afrique du Sud, le peintre a vu sa carrière s’envoler après avoir fait la première de couverture du Times. Pour illustrer l’optimisme dans l’art, le prestigieux magazine a choisi une de ses toiles. Dès lors, Nelson Makamo n’a cessé de plier sous les commandes.
Pour cet éternel optimiste, l’art est un moyen de décoloniser les esprits. Avec son fusain, il entend réécrire les discours autour de l’Afrique. Non, ce n’est pas un continent miné par la guerre et la famine. C’est un lieu plein de vie, de joie et de talent. Sceptique ? Regardez donc "decoration of the youth (2019)" et osez dire que vous n’avez pas ressenti des ondes positives.
Coup de coeur du moment de Mr Cute :
L'incroyable Hilary Balu de Kinshasa.
Comments